Alors qu'elle promeut volontiers l'image d'un territoire quasiment vierge entre mer et montagne, son soleil, la pureté de son air et de ses eaux, sa nature préservée, la Corse cache pourtant mal un profond malaise écologique. Déshéritée en matière d'infrastructures et de moyens publics, elle est à la recherche de solutions qui la mettraient à l'abri des dérives du développement qu'elle appelle par ailleurs de ses voeux.
Aujourd'hui, s'il est un domaine qui fait débat et pose avec une acuité particulière la question des choix politiques de technologie, de modes de gestion innovants, économiquement viables et écologiquement maitrisés, c'est bien celui des déchets. Incinérateurs, zones d'enfouissement, tri sélectif, fermetures de décharges municipales, multiplication des décharges sauvages, les questions posées à la société insulaire et plus directement aux politiques, aux collectivités et à l'État, sont régulièrement à la une de l'actualité.
Le présent essai est le fruit d'un premier travail en profondeur, effectué dans le cadre d'un rapport sur le traitement des déchets industriels en Corse, par deux économistes. Élargi ici aux déchets ménagers, il propose un diagnostic, peu flatteur, mais aussi des lignes de réflexion sur une possible gestion insulaire, et plus largement nationale, concernant l'économie générale du secteur. Une économie où les industriels du traitement proposent les solutions les plus « rentables » mais les moins écologiques et les plus aliénantes pour les générations à venir, et où les innovations ne peuvent venir que de la réflexion, de l'engagement et de l'audace des pouvoirs publics, au service de la communauté.
Cet ouvrage a pour ambition d'aider à « faire l'économie des déchets », au sens propre - si l'on peut dire - comme au sens figuré.