Une notion néfaste pollue le XXIe siècle : celle d'identité culturelle. Cet oxymore (car la culture, étant mouvement, donc transformation, ne peut avoir d'hypostase identitaire) fait régresser l'humanité vers des fantasmes d'appartenance qui sont autant d'à-part-tenance, de replis sur soi, pour n'y trouver rien car ce « soi » est lui aussi chimérique. 1916, Verdun, Somme. 1917.. la commémoration de l'atroce devrait pourtant nous rappeler en 2016, 2017, que les identités culturelles creusent entre elles des tranchées où l'on se massacre. Aujourd'hui comme alors, elles sont des réactions primaires à une onde de mondialisation en train de changer le monde : ses auteurs (et bénéficiaires) s'en effarouchent et se retranchent - nationalismes hier, « civilisations » de nos jours. Même impasse meurtrière. L'identité est à la culture ce que le corps mort d'amarrage est au bateau : la négation de sa vocation à voguer. Depuis des millénaires, la relation à l'autre a été constitutive de l'élaboration du soi : c'est le principe même de l'hominisation, le ressort unique de la civilisation. L'heure est à s'en souvenir, et cultiver non pas tant « l'Autre » comme altérité que soi comme altération constructive parce qu'exposé au bienfait de n'être pas seul au monde. Pour des raisons différentes, la Chine et la France savent cela et le ressentent plus instamment ces temps-ci, qui les exposent à des mutations de longue haleine. Pour y réfléchir et s'y encourager, au profit de la paix et du progrès, elles se parlent et s'écoutent. Ensemble, elles s'interrogent, aux sens à la fois réciproque, réfléchi, et tout bonnement positif : quid ? Le faire à l'enseigne des routes de la soie, à l'initiative des anciens étudiants chinois à l'étranger fêtant le centenaire de leur association et de la Fondation Prospective et Innovation attentive aux avenirs, c'est réunir les sources et les ressources d'une confiance dans la vertu de la parole qui crée de l'entre soi, ce contraire de la sotte prétention au quant à soi