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Alternatives économiques n.370 : Macronomics : comment ça marche ? 20 mesures passées au crible
Alternatives Economiques
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- 31 Août 2017
- 9782352401919
"Et en même temps." Emmanuel Macron a fait de cette locution sa marque de fabrique durant la campagne, assumant ainsi d'être le candidat qui prenait en compte toute la complexité du réel. Et ce n'est pas nous qui allons le lui reprocher puisqu'une part essentielle de notre métier consiste justement à montrer que les choses sont plus compliquées qu'elles n'en ont l'air. Une fois aux manettes, le "et en même temps" rencontre cependant des limites : gouverner c'est choisir. On l'a déjà mesuré, en particulier sur le dossier des réfugiés.
Nous vivons dans un pays de 67 millions d'habitants qui a enregistré, en 2015 et 2016, 160 000 demandes d'asile. Les Suédois, eux, sont 9,8 millions et en ont reçu 191 000 sur la même période. Sans parler des 1 222 000 de nos voisins allemands... Sous François Hollande, la gestion (ou plutôt la non-gestion) de ce dossier avait été un des signes les plus flagrants d'une incapacité à affronter les sujets difficiles. Le sommet avait été atteint lorsqu'en février 2016, Manuel Valls, alors Premier ministre, s'était permis de critiquer vertement la politique d'Angela Merkel en la matière. Et on avait apprécié qu'Emmanuel Macron se démarque à l'époque de cette attitude.
Mais maintenant, c'est à lui de tenir un discours de vérité aux Français sur ce sujet et d'organiser enfin un accueil digne de ce nom dans le pays qui se prétend celui des droits de l'homme. Or que constate-t-on ? Au moment même où le président répétait au Conseil européen des 22 et 23 juin que "nous devons accueillir des réfugiés, car c'est notre tradition et notre honneur", son ministre de l'Intérieur justifiait, lors d'une visite à Calais, des pratiques inhumaines que le défenseur des droits, Jacques Toubon, ainsi que la justice ont condamné sans appel. Tandis que partout consigne est donnée de renvoyer un maximum de demandeurs d'asile vers d'autres pays. Emmanuel Macron ne peut pas être le président des beaux discours à Bruxelles "et en même temps" de la chasse aux réfugiés en France.
Au-delà de ce dossier emblématique, la même problématique se posera rapidement ailleurs : sur l'environnement, sur la protection sociale, sur la fiscalité... Il faudra choisir et, comme toujours, le "et de gauche et de droite" aura du mal à résister à l'épreuve du pouvoir.