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La Contre Allee
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Mêlant le témoignage de Gabriele à ses propres réflexions, et utilisant comme toujours son humour et son sens de la formule, Amandine Dhée atteint l'objectif qu'elle s'était fixé : « écrire un livre réconfortant sur la mort ». L'occasion de réfléchir avec elle sur nos propres angoisses, sur notre désir de transmission, sur les pertes et les liens qui unissent les êtres et qui marquent les générations. Liant l'intime au politique, Sortir au jour est aussi un texte qui questionne nos façons de faire société... On pourrait lire Sortir au jour comme un texte qui parle de la perte, mais c'est exactement l'inverse. Sortir au jour raconte ce qui nous lie.
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Des personnages aux destins imbriqués...
Ville de M., le 12 novembre de l'an deux mille quelque.
Ils et elles se côtoient, dans l'intimité parfois, ou se croisent dans la rue, au supermarché, dans le hall d'un immeuble ou dans un autobus, en route pour leur labeur quotidien, ou au retour du travail... Le chauffeur de bus, la caissière du supermarché, le professeur d'université, l'étudiante, l'agent de sécurité, le truand... Ces personnages cheminent dans leurs existences respectives lorsqu'un grain de sable vient soudainement gripper les rouages de la machine, chamboulant leurs parcours et liant leurs vies à jamais...
... un roman inventif, audacieux et plein d'humour
Roman choral, histoires imbriquées comme des poupées russes, narration qui avance avec des allures de passages de relais entre les personnages d'un chapitre à l'autre... la forme de Labeur est d'une inventivité remarquable. Ses chapitres, de plus en plus courts, nous entraînent irrémédiablement vers la fin de la journée, une journée de labeur, avec une issue paroxystique.
Julie Bouchard, avec ce roman vif et intelligent, se pose des questions aussi ordinaires que cruciales : avons-nous la maîtrise de nos destins ? Nos choix peuvent-ils réellement influencer notre parcours ? Avons-nous les vies que nous méritons ? -
Les apparences d'un roman historique...
Habilement cousu d'histoires intimes, de remèdes, de croyances, de sororités, de coutumes et de soins, La Morelle noire est un sémillant roman, formellement inventif, au propos vif et mâtiné d'humour, dont le héros n'est pas celui que l'on croit... Dans La Morelle noire les protagonistes s'emparent de leur liberté et, pour cette fois, les « sorcières » gagnent, et vont à l'encontre de la pensée chère à Descartes selon laquelle il faudrait se « rendre maître et possesseur de la nature ».
... écoféministe & écocritique...
Avec Christine de Suède, qui refusera de prêter son corps pour donner un héritier au trône, Hélène Jans, l'herboriste qui défie l'ordre établi, et Inés Andrade, l'étudiante irrévérencieuse, La Morelle noire met en avant des protagonistes qui se soustraient au discours patriarcal, livrant une autre lecture de la sphère domestique, ce lieu déconsidéré par l'histoire vue et racontée par les hommes, où les femmes se sont le plus souvent retrouvées réduites et assignées. Ce que l'on va lire et apprécier au fil des pages nous rappelle combien cet espace est aussi et surtout source d'apprentissage, de transmission et de savoirs tout aussi mal considérés.
... poétique, politique et incisif : un patchwork stylistique particulièrement dynamique
La Morelle noire est fait d'humour et d'ironie, d'amour et de sagesse, y apparaissent des lettres d'il y a trois cents ans, des courriels du xxie siècle, des recettes de sortilèges pour attirer les amants réservés, des brouillons de poèmes, des fragments d'essais et de réflexions scientifiques, des histoires et légendes anciennes, un herbier... autant de formes qui témoignent de la richesse de la diversité des voix, des façons de dire et de faire, contre la pensée unique et le discours historique patriarcal. -
Une vie « au pieu »
Réveil, café, pieuter - comme un métro, boulot, dodo en huis-clos. Au pieu souligne la difficulté de se mouvoir parfois, la sensation de s'engluer dans sa propre existence. Agir n'est pas si facile quand les murs semblent se refermer sur nous, quand les obstacles semblent infranchissables... Alors on tente de prendre de bonnes résolutions : aujourd'hui, on fait les choses bien. On se couche tôt, on mange sainement, on range, on nettoie, on arrête le café et la clope... Alors tout ira mieux, on pourra se mettre au travail, on pourra mieux faire... Mais comment tenir quand l'appel du « pieu » est plus fort ?
De l'autodérision au désespoir
Si ce texte fait bel et bien écho à une forme de désespoir, il n'en est pas moins doté de l'humour et de l'autodérision auxquels l'autrice a le plus souvent recours lorsque les émotions et l'anxiété la submergent, et que la gagne la léthargie, le sentiment d'enfermement mental, tout comme l'impression d'être piégée par un système.
Dans ce poème-fleuve emprunt d'oralité et de références pop, le lit est le lieu d'une constante tension, d'une lutte sur le fil entre un désir de mouvement et l'attractivité de l'immobilité, symptomatique de certains troubles psychiques. -
La narratrice explore la question du désir et de l' attachement à la lumière du parcours d' une femme et de ses expériences sexuelles et affectives.
Comment devenir et rester soi-même dans une société où les discours tout faits et les modèles prêts à penser foisonnent? La narratrice revisite toute sa vie, de l' enfance à l' âge adulte et se projette aussi dans la vieillesse.
La réflexion féministe apparaît à chacun de ces âges de la vie.
Amandine Dhée poursuit ainsi la réflexion entamée en 2017 avec La femme brouillon sur la représentation des femmes dans l' imaginaire collectif et leur émancipation.
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Écrivaine et féministe, Amandine Dhée témoigne de sa maternité avec laquelle elle doit composer sans véritable modèle familial, mais dont elle fait nalement une force.
Enceinte puis jeune mère, l'auteure raconte la norme qu'on tente quotidiennement de lui imposer et sa lutte pour préserver son émancipation : son éveil politique et la création. Elle s'interroge sur la perception de son propre corps: où dire la violence d' être habitée par un autre ? Sur son métier d'auteure : mon cerveau est colonisé. Même absent, le bébé m' accapare. Mais aussi sur sa sexualité, la répartition des rôles au sein de la famille, la transmission ou encore sur ses propres contradictions...
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Se libérer de la violence sur le corps.
Récit d'une émancipation, Basculement-mère questionne le rapport au corps et les violences qui lui sont faites. Opposant à une généalogie des violences commises sur les femmes une mythologie de guerrières reprenant possession de leur corps, Irma Pelatan nous livre un hymne à l'acceptation de soi. Tout à la fois lettre à la fille adoptive, adresse aux « soeurs » et carnet de création poétique, Basculement-mère est un texte puissant et salvateur d'un corps qui se raconte pour survivre, pour surmonter la violence, les épreuves, et pour s'accepter tel qu'il est.
... de la maternité à la maternéité
Dans Basculement-mère, Irma Pelatan questionne la maternité (ou maternéité) : faut-il avoir porté un enfant en son sein pour être mère ? Comment se transmettre sans transmettre ses propres doutes, ses propres peurs ? Comment conserver l'héritage d'une autre culture, d'une autre langue ? Doit-on transmettre le risque d'être fille ?
... un corps en eau
Basculement-mère, en eau. L'eau qui lave du passé et des blessures ; l'eau qui porte, qui fait oublier le poids du corps ; l'eau et ses courants qui emportent vers d'autres destinées... Pour Irma Pelatan, au-delà se son rôle symbolique déterminant, l'eau est aussi un élément quasiment constitutif de l'écriture de Basculement-mère. Un récit littéralement écrit « en eau ». -
«Pendant plusieurs semaines, des femmes, des héroïnes, m'ont confié leur vie et leurs mots. Notre besoin commun de briser le silence et l'indifférence autour des violences conjugales et ses nombreux visages. [...] C'est cela que vous allez lire.»
Perrine Le Querrec -
S'appuyant sur de nombreuses sources d'archives journalistiques, matériaux essentiels à son travail, Perrine Le Querrec explore l'histoire du danseur Nijinski. Dépassant la légende grâce à des années de recherches, écoutant les mille voix qui évoquent le danseur, cherchant la vérité au milieu des interprétations, démêlant l'intime et le public, l'autrice questionne le parcours et la fin d'un homme qui sombre dans la folie.
Mais surtout, d'un point de vue psychanalytique, l'autrice met en avant « la danse immobile » de Nijinski, apaisant ainsi la souffrance d'une vie d'internement, et replaçant Nijinski toujours au coeur d'une création, d'une avant-garde, dont les années d'asile l'ont privé.
Des salles de spectacle aux couloirs d'un hôpital psychiatrique, Nijinski passe de la lumière de la célébrité aux ombres de la honte ; Perrine le Querrec dresse le portrait de son Nijinski... Soudain Nijinski...
De Nijinski on sait qu'il fut danseur étoile
De Nijinski on sait qu'il sautait plus haut que quiconque
De Nijinski on connaît les Ballets russes, Diaghilev, L'Après-midi d'un faune
De Nijinski, Dieu de la danse, sans doute connait-on l'incroyable carrière
De Nijinski on connaît peut-être ses Cahiers
De Nijinski on connaît beaucoup la légende, les récits, les approximations
De Nijinski on croit connaître
De Nijinski sait-on qu'il dansa jusqu'à ses 29 ans
De Nijinski sait-on la dernière danse le 19 janvier 1919 à l'hôtel Suvretta en Suisse
De Nijinski sait-on ensuite l'effondrement
De Nijinski sait-on qu'il fut interné plus de 30 années
De Nijinski connaissons-nous le grand oubli où il fut abandonné
De Nijinski sait-on l'immobile comme une autre danse
Perrine Le Querrec -
Née dans une tribu amérindienne du Canada, Fille-Rousse grandit avec les garçons, s' adonnant avec joie à la chasse, la pêche et la course.
Lorsqu' elle observe les groupes de femmes, elle pense que rester au campement n' est pas fait pour elle !
Dans l' esprit du chamane de la tribu émerge alors l' idée que la petite fille, dont la naissance est nimbée de mystère et dont le parcours étonne, pourrait être une Peau-Mêlée, un être à part, homme et femme à la fois.
Si certains dans la tribu acceptent sa nouvelle condition, d' autres doutent et ne cessent de mettre la jeune fille à l' épreuve.
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Jean, dit Jeannot, est né en France en 1939. Jean, dit Jeannot, a une biographie courte et accidentée. De ses années d'enfance à son engagement en Algérie, de la mort par pendaison de son père à sa claustration volontaire avec mère et soeur, Jean, dit Jeannot, échappe à la raison et au monde réel.
En 1971, la mère meurt et les deux enfants, Jeannot et Paule, obtiennent l'autorisation de l'enterrer à l'intérieur de la maison.
Dès lors, Jeannot n'a plus qu'une seule raison d'être : graver son réquisitoire, s'écrire à lui-même, creuser ses mots sur ce plancher qu'il n'aura pas quitté depuis... Jusqu'à y mourir, cinq mois plus tard.
« Écrire Le Plancher, c'est côtoyer la folie au plus près, s'autoriser la débauche du mot brut, de la syntaxe, emprunter des chemins de réflexion et d'écriture inédits, braver les interdits. C'est aussi donner un corps et une voix à celui dont chacun s'est détourné.
C'est Jeannot le Coupable, celui qui encombre, la société, les mémoires, ce sont ceux dont on se détourne, ce sont les lits supprimés des hôpitaux psychiatriques, ce sont les SDF abandonnés, les malades abusivement enfermés en prison, tous les fragiles, les différents, les marginaux, les furieux. »
Perrine Le Querrec -
Une langue au rythme maîtrisé...
La protagoniste de La Fenêtre, illustratrice trentenaire au chômage, observe le monde depuis la fenêtre de son appartement, dans un immeuble d'un quartier populaire. Enfermée, comme le reste du monde, dans son « chez-elle », elle subit de plein fouet la violence de l'isolement.
Avec un sens de la narration bien à elle, et une langue toute en économie, Isabel Alba livre un roman au style percutant qui rend avec force, page après page, les émotions qui submergent la narratrice/protagoniste.
... un regard politique et critique
Le « chez-soi » des un·es n'est pas le « chez-soi » des autres... Cela s'est confirmé pendant la pandémie. À travers le regard, les pensées et les émotions de la protagoniste, Isabel Alba nous invite à réfléchir sur le pouvoir que peut conférer l'espace : plus on a d'espace, plus on a de pouvoir. La Fenêtre rappelle combien l'enfermement causé par la pandémie a souligné les rapports d'inégalité.
... la création pour atténuer la solitude et l'angoisse
Dans La Fenêtre, Isabel Alba interroge également le rôle de la création - dessin, écriture... - pour surmonter les épreuves et les tragédies. Comment reprendre le cours de sa vie après de tels événements, après avoir perdu des êtres chers...? La protagoniste livre ses réflexions les plus intimes dans un carnet, sous forme de collage, pour tenter de maîtriser la douleur de ce qu'elle a subi durant cet enfermement. -
Structurée par les 77 mouvements de la partie Fischer - Pomar, se trame au fil de cette confrontation une histoire à la forme originale offrant une réflexion quant à l'engagement personnel et, plus largement, sur la façon dont les deux joueurs ont été instrumentalisés par leurs gouvernements respectifs. Aux portraits des deux joueurs d'échecs s'ajoutent ceux de nombreux autres « pions » voués à une cause politique durant cette année de turbulence où, lors de la Crise des missiles de Cuba, la guerre nucléaire a failli éclater. Ainsi, communistes, maquisards, ouvriers, socialistes, membres de l'ETA, chrétiens, républicains, étudiants, phalangistes, Afro-Américains, pacifistes, indigènes, militants antinucléaires, gauchistes ou militaires à l'obéissance aveugle... jalonnent ce texte comme autant de « mythes » fabriqués et utilisés à des fins politiques, des personnes sacrifiées et payant le prix fort ; celui de la mort, de la prison, de l'exil ou de la solitude. Mais un pion n'est jamais seulement un pion...
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Bassoléa : ou de l'herbe dans le ventre
Juliette Mezenc
- La Contre Allée
- La Sentinelle
- 18 Avril 2025
- 9782376651680
Suivre Bassoléa dans son antre enterrée, étrange mais pas inquiétante, c'est accepter de l'écouter, de prendre sa voix, parfois révoltée, plein les oreilles. Dans sa « veranda sous terre », Bassoléa cherche à échapper aux autres, au monde, à cette société qui détruit tout sur son passage. C'est qu'elle est en colère, Bassoléa, une colère qu'elle raconte dans une logorrhée ininterrompue, foisonnante et hypnotisante. « c'est fou ce que le monde est fou » Bassoléa s'oppose au monde, de toute son énergie juvénile, mais en s'opposant elle cherche des issues, des solutions, des échappées. Et ce qu'elle finit par créer l'enchante au plus haut point, et lui fera dire que, désormais, elle se « shoote à la vie ». Parce que la colère ne suffit pas à la caractériser. Bassoléa est avant tout enthousiaste, curieuse, avec la folle envie de comprendre la vie, d'y participer, de l'inventer plus vivante, plus intense. « tout ce que j'ai appris comme ça, à juste contempler la terre » Et c'est cet instinct de vie phénoménal qui la poussera à construire cette drôle de véranda-sous-terre. Et c'est de là, de ce lieu si particulier, que nous allons prendre, avec elle, le temps d'observer le vivant, le sol, par le dessous.
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Sur les bouts de la langue : traduire en féministe/s
Noémie Grunenwald
- La Contre Allée
- La Sente
- 13 Septembre 2024
- 9782376651581
Traduire en féministe/s, un essai
Traductrice de l'anglais, et notamment de nombreuses autrices engagées, comme Julia Serano, bell hooks ou encore Dorothy Allison, Noémie Grunenwald cherche sans cesse à retranscrire cet engagement féministe au sein de ses traductions, questionnant les formes d'écriture, le choix des termes, se heurtant aux manques, aux absences, et élaborant de nouvelles stratégies dans une pratique politique, militante, de la traduction.
Convoquant les autrices et auteurs qui ont marqué sa pratique, Noémie Grunenwald explore ce que signifie « traduire en féministe/s ».
Traduire en féministe/s, un récit
C'est avec franchise, humilité et humour que Noémie Grunenwald ponctue son essai ? organisé en différentes rubriques, comme Se décentrer, Élargir, Inclure ?, ou encore Citer ? d'un récit plus personnel sur le parcours qui a été le sien, depuis les premiers articles de fanzines traduits, juste pour mieux comprendre, jusqu' à la traduction professionnelle. Rendant hommage aux êtres et aux textes qui jalonnent sa formation, l'autrice raconte son engagement, sa passion et sa détermination, et nous interpelle avec un ton aussi direct et percutant qu'accrocheur. «Traduire en féministe/s », c'est un moyen de lutter contre l'ordre établi. -
D'abord, il y a la rencontre avec Arden et Jeff - cette grande femme aux mains d'araignée et cet homme à l'oeil de verre -, alors qu'ils tentent de sauver une orignale sur les berges d'un lac gelé de l'Ontario, au Canada. Touchée par cette rencontre, notre narratrice décide de les suivre et de rester avec eux dans le refuge dont ils s'occupent, soignant les animaux blessés.
Au coeur de cette nature marquée par les saisons, où humains et non-humains tentent de cohabiter, notre narratrice, suffisamment énigmatique pour que l'on puisse y trouver une part de nous-même, apprivoisera ses propres fêlures tout en apprenant à soigner les bêtes sauvages, et à écouter et interpréter les sons de la forêt et de la rivière.
Border la bête est un roman magnétique, tant par les impressions fortes que génère l'évocation sensible et incarnée des paysages, que par celles que nous procurent ses personnages aux silences éloquents et aux caractères forgés par l'existence. -
Tiré d'un poème de l'auteure, ce titre souligne à la fois la charge érotique du texte et la rebellion extraordinaire d'une femme face à l'ambiance étouffante qui règne en Tchécoslovaquie d'après-guerre.
Probablement écrite en 1962, cette lettre est un véritable manifeste pour la liberté individuelle.
Dans les années qui précèdent le Printemps de Prague, Jana ?erná livrait dans cette lettre à Egon Bondy sa volonté de révolutionner les codes de conduite, de rechercher de nouveaux " possibles " dans la vie privée, les rapports sentimentaux et la sexualité. En refusant de se soumettre à la primauté masculine, elle affirme aussi son souhait d'une sexualité non séparée des sentiments et de l'activité intellectuelle.
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Envoyée à l'église par son père, dont elle craint la fureur et qui est convaincu que, là, il n'y aura aucune tentation, la narratrice tombe immédiatement amoureuse du prêtre.
Il faudra beaucoup de patience à la jeune fille pour vivre enfin, pleinement, son histoire d'amour. Beaucoup tenteront de lui mettre des bâtons dans les roues, les obstacles seront nombreux... Les amitiés et les soutiens aussi, qui l'aideront à traverser les épreuves.
Six ans, et encore une année. Six ans plus un pour que le prêtre prenne conscience que cette histoire doit être vécue, malgré l'Église, malgré tout...
Poignante histoire d'amour, Nuits de noces a été écrit dans une prose poétique qui s'est immédiatement imposée à l'autrice : des vers libres pour jouer des répétitions, des ressassements, des ruptures. L'amour, les sentiments, les émotions... autant de sujets qui sont comme la marque de fabrique de Violaine Bérot, qui excelle à les mettre en mots et en rythme. -
Par l'entremise de micro-scènes, Passer l'été nous précipite au coeur d'un été caniculaire, alors que la sécheresse et les feux de forêts font rage. Au-delà du cadre qu'offre le jardin d'une maison familiale où l'on subit, dans l'impuissance et le repli, la brûlure de cette chaleur écrasante, c'est à un mouvement à l'oeuvre beaucoup plus vaste que l'on assiste, page après page, avec les mutations profondes et inquiétantes de notre environnement.
Du personnel au social, de l'intime à l'universel, Passer l'été est un texte pressant, dans lequel il n'est question ni d'imaginaire, ni de lyrisme ou d'onirisme, mais plutôt de la force du réel meurtri, par le prisme d'une poésie du dicible, quasi documentaire, à la fois poignante et percutante, pour ce qu'elle laisse entrevoir comme avenir proche.
À l'écoute du vivant, Irène Gayraud emploie le pronom « on », à la fois personnel et impersonnel, individuel et collectif, comme dans un récit-choral qui engloberait chacun·e d'entre nous, mais également, et surtout, les mondes animal et végétal parmi lesquels nous nous trouvons.
Écopoétique, au ton direct, parfois empreint d'une forme d'ironie, il se dégage de Passer l'été, au-delà de la beauté des fins tragiques, un sens critique affûté doublé d'une douloureuse lucidité. -
Dans un monologue intérieur, un enfant s'adresse à sa mère que l'on devine puis découvre malade. En route vers le nord, sans toujours bien comprendre pourquoi, sur la banquette arrière d'une voiture conduite par un père distant et énigmatique, l'enfant vit un temps en marge, sans école, sans camarades, avec la route et les paysages pour seul décor, tenant compagnie à sa mère.
Quand le drame survient, l'enfant se sent seul face à sa douleur. Emporté par la nécessité, dans une langue intense, sans ponctuation ni majuscules, l'enfant questionne sa mère et son absence.
Porté par un style à la fois sobre et poétique, à l'émotion palpable, Au nord tes parents se lit comme en apnée, tandis que nous accompagnons cet enfant dans son voyage. -
Dans le Madrid des années 1930, Matilde cherche un emploi. La jeune femme enchaîne les entretiens infructueux : le travail se fait rare et elles sont nombreuses, comme elle, à essayer de joindre les deux bouts. C'est dans un salon de thé-pâtisserie que Matilde trouve finalement une place. Elle y est confrontée à la hiérarchie, aux bas salaires, à la peur de perdre son poste, mais aussi aux préoccupations, discussions politiques et conversations frivoles entre vendeuses et serveurs du salon.
Quand les rues de Madrid s'emplissent d'ouvriers et ouvrières en colère, que la lutte des classes commence à faire rage, Matilde et ses collègues s'interrogent : faut-il rejoindre le mouvement ? Quel serait le prix à payer ? Peut-on se le permettre ? Qu'est-ce qu'être une femme dans cet univers ?
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Fresque familiale à l'incroyable souffle romanesque, Mississippi, la Geste des ordinaires charrie près de deux siècles d'Histoire, porté par les voix particulièrement incarnées de ses personnages. Traversant les époques, les drames et les bouleversements sociétaux, cette généalogie mêle la petite et la grande histoire, du XIXe siècle jusqu'au XXIe, de la colonisation à l'ouragan Katrina en passant par la Commune, les chasses aux sorcières, les guerres mondiales... Questionnant la violence sociétale et la manière dont elle innerve les familles au fil des générations, Sophie G. Lucas dresse les portraits d'êtres qui courent après leurs rêves, qui tentent de prendre des chemins de traverse et d'émancipation, et dont les existences sont comme une mythologie de vies ordinaires.
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Il faut les fuir ces Chevals morts, ceux-là qui nous poussent à commettre des erreurs, de celles qui nous séparent, nous détournent, nous font prendre des chemins divergents. Mais comment faire en sorte de rester deux, de continuer à s'?aimer alors que les Chevals tentent de nous convaincre qu'?ailleurs peut-être... seul·epeut-être... ce serait mieux ?
Un texte comme un chant, au rythme haletant et mélodieux ; un hymne à l'?amour, au couple ; une course contre la tristesse et la solitude.
Nous serons si libres que nous attacher ne nous fera pas peur
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Des montagnes de questions
Stéphanie Lux
- La Contre Allée
- Contrebande
- 13 Septembre 2024
- 9782376651529
« Moi qui ai toujours eu du mal à (sa)voir où je serais dans dix ans, je serais bien incapable de prédire mon propre avenir dans le métier. Ce que je sais, c'est que ma pratique ne cesse d'évoluer. Et que cet exercice d'écriture, le plus long auquel je me sois livrée jusqu'ici, la modifiera forcément. L'expérience me rendra-t-elle meilleure traductrice, ou au contraire plus mauvaise, parce que j'aurai pris goût à choisir mes mots sans contrainte étrangère, sans texte de départ à respecter ? Une chose est sûre, j'aimerais montrer davantage les coutures de la traduction, la trame du travail en train de se tisser. Montrer les doutes, les montagnes de questions que je me pose en traduisant, les décisions que je finis par prendre, et qu'aucune d'elles n'est définitive. C'est ce que je me suis efforcée de faire ici. Montrer la traduction comme une prothèse magique permettant d'évoluer, de courir dans une oeuvre dont on ne pratique pas (encore ?) la langue. »
Stéphanie Lux