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marc sastre
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Pour une poignée de sardanes
Marc Sastre
- Les Fondeurs De Briques
- Instrumental
- 5 Novembre 2024
- 9782916749693
Ce livre n'est pas une biographie de Pascal Comelade ; celle-ci a déjà été faite, et bien,
par Pierre Hild (Le Mot & le Reste, 2017). « C'est l'histoire d'une musique. C'est un instrumental.
Qui ne cesse comme tant d'autres de me prouver qu'un instrumental n'est pas qu'une
chanson privée de voix. C'est «Sardana Dels Desemparats», qui en catalan veut dire sardane
des abandonnés. Comelade en a enregistré plusieurs versions tout au long de sa carrière et
c'est autant de balises, d'instantanés de son parcours qu'il nous a laissés.»
À travers ce morceau, Marc Sastre déploie son oreille et son regard de musicien sur le recyclage
de la musique traditionnelle par Pascal Comelade, et en particulier de la sardane,
musique et danse catalanes. Sans tomber dans l'opposition facile mais réelle entre les gens
du Sud et les centralisateurs parisiens, l'auteur retrace son vécu de cette musique et le replace
dans un contexte géo-historique plus vaste. Il nous parle également de l'art de la reprise, de
l'utilisation des instruments et des talents autodidactes.
Nourries d'entretiens menés en 2023 avec le compositeur-interprète, les réflexions de l'auteur
sur la place de Pascal Comelade dans le paysage de la musique d'aujourd'hui nous conduisent
au plus près d'un musicien résolument actuel, maître des 3 ou 4 temps qui propulsent
sa ronde vers l'éternité du rêve.
Deux versions de la «Sardana Dels Desemparats», évoquées dans le texte, figurent sur le
CD accompagnant le livre, ainsi qu'une douzaine de photographies. -
Ce n'est pas un livre sur les groupes mais plutôt sur leur mort, sur celle du rock, de ses agonies comme de ses renaissances, de ses impostures comme de ses vérités. Il y est question de rues, d'envoûtements, de divorces et de retrouvailles. On y croise des fantômes, à moins que ce ne soit des fantasmes. Des anonymes aussi, de ceux et celles qui ont les oreilles abîmées et les pieds brûlés pour avoir trop dansé, et souvent trop cherché.
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Une ligne de fracture parcourt notre société, elle porte la figure métaphorique de l'Arabe. Héritage de l'histoire, de l'Histoire de France, d'un roman national peinant à nommer ses trous, elle convoque bien plus de fantasmes que de réalités. Cette figure, nous ne la connaissons que trop bien : c'est celle de l'autre. Elle a débordé et débordera encore du cadre de la seule personne franco-maghrébine, car chaque temps de l'Histoire à ses conditions propres.
«Du féroce plein le buste des mâles reconstruisent les ligues.
Caucasiens.
Latins.
Amnésiques.
La tour de France n'est pas bonne vigie quand l'Europe est province.
J'y vois des prisonniers en mal de horde jouer aux matons.» Deux pans d'une communauté s'opposent depuis trop longtemps sur l'appartenance d'un de leurs membres à cette communauté. Celle qui fait la France, toute la France, cette France qui peine encore à reconnaître tous les siens. Par l'outil poétique, il est tenté ici de les faire dialoguer.
Familier des corps au travail, Marc Sastre arpente ici les chantiers en construction de notre mémoire à l'Autre, de nos rapports à l'étranger. Taillant dans une langue qui fait rimer émigré avec ouvrier, il appelle à lire les enseignements de l'Histoire afin de construire les conditions de vivre ensemble.
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Placé sous les auspices de William Blake (Le Mariage du ciel et de l'enfer) : « Peut-on dire
d'un homme qu'il est honnête/s'il résiste à son génie ou à sa conscience/dans le seul but
de préserver/son bien-être ou son plaisir du moment ? », ce texte n'est pas une biographie
traditionnelle, plutôt un essai autour de la figure tragique de Jeffrey Lee Pierce (1958-1996),
chanteur du Gun Club, groupe de Los Angeles utilisant l'énergie punk appliquée au blues.
Constitué d'entretiens avec des musiciens ayant collaborés avec J.L. Pierce, d'articles de
presse, d'extraits de l'autobiographie du chanteur, de paroles des chansons et de la mise
en perspective de l'auteur, cette vie est aussi celle de tous ceux qui se sont approchés du
soleil noir du rock'n'roll. -
« dépense : est dépensé ce qui est définitivement perdu sous sa forme originale » Des confins du cosmos à notre intimité, de la consumation à la consommation, de la fatalité des choses à la destruction raisonnée, une réflexion sur la dépense, sur ses limites, sur nos limites. La dépense est aussi un court métrage de 18mn. Réalisé par Sylvain Luini, avec la voix du comédien Denis Lavant et une musique de Guillaume Navar Avec La Dépense, on est à la fois dans la poésie et l'essai. L'auteur, nous conduit au coeur d'un paradigme, celui de la dépense ; revisitant la nature, l'économie, le capitalisme. Ce texte engagé, ouvre un nouveau rapport au temps et aux équilibres, il communique une force mathématique, qui procède d'une écriture fluide et mesurée.
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Parfois des odeurs de colle me reviennent en bouche. Des piqûres de prolétaire, des dents pulvérisées, des nuits de scarifications à rendre l'urine acceptable.
Les jours étaient frères, s'ennuyaient comme des frères. Il fallait se tenir debout, juste debout sur un lit retourné.
Juste debout et ne plus rêver. Car chaque rêve serait un meurtre de plus.
Nous naissions esclaves. Si nous naissions c'est que nous étions esclaves.
D'une langue d'ici qui était celle d'un autre - la langue d'ici est toujours celle d'un autre - il fallait dire oui.
À la caresse des plus-values, à la vapeur épousée disséminant les familles, au pain quotidien. Aux griffes sourdes consignées dans le livre, aux diasporas croustillantes sous la molaire des états, à la haine qui érode les poings impuissants.
La haine c'est toujours un amour mal interprété.
Communauté d'enfants-tués, conjonction des égarés au même ciel austère, pissant sur les murs des forteresses, se nourrissant de leurs déjections.
Fils de colère, une peau de chat sur des os barbelés, un casque à clous sur le crâne.
Jamais assez aimé. Dernier habitant de la nuit, grignotant sa propre tête.
Dans l'eau croupie des monarchies restaurées il nous fallait renaître. Le temps n'était plus aux minutes bloquées à l'orée des bois, aux maisons de brindilles, aux paillasses de feuillage.
Le temps n'était plus aux branlettes devant les femmes glacées, un miroir est bien plus éloquent.
Le temps était venu de saper les rivages séculaires, la langue sans mots mais endurcie, les arcades coulantes.
Un chewing-gum insolent contre l'obscurantisme, contre l'absolutisme du bal musette.
Que le folklore soit violé.
Que l'histoire cesse.
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